L'opposition et le gouvernement ont appelé mardi au Venezuela des marches dans tout le pays, après une nuit de manifestations émaillées d'incidents contre la victoire la présidentielle de Nicolas Maduro, qui s'est soldée par une victime et de nombreux dégâts.
Dans la nuit de lundi mardi, des milliers de "caprilistes" sont descendus dans les rues de Caracas, notamment, provoquant des incendies et des dégradations.
Un sympathisant de M. Maduro a été tué lors des ces manifestations, a annoncé mardi le ministre des Affaires étrangères, Elias Jaua, la télévision. Un homme de 45 ans "a été tué par une arme feu" dans la localité de Baruta, la périphérie de la capitale vénézuélienne.
Gouverneur de l'Etat de Miranda (nord), Henrique Capriles, 40 ans, qui réclame un nouveau comptage des votes, considère le président élu comme "illégitime" et a incité ses sympathisants "montrer leur colère", mais sans "tomber dans le piège de la violence".
Il a appelé des rassemblements mardi devant tous les centres régionaux du Conseil national électoral (CNE), qui a officialisé la victoire de M. Maduro, l'héritier du charismatique dirigeant socialiste Hugo Chavez, obtenue d'une courte tête (50,75% contre 48,97%).
En réaction, le nouveau chef d'Etat élu, qui doit être investi vendredi, dénonce une "volonté de coup d'Etat" et a promis "une main de fer" face aux "putschistes". M. Maduro, qui a affirmé être "le fils de Chavez", a qualifié de "caprices de bourgeois" la demande d'un nouveau comptage.
Des images de véhicules incendiées dans l'Etat de Barinas, dont est originaire M. Chavez, et du siège du parti socialiste (au pouvoir) partiellement détruit dans l'Etat de Tachira (ouest) ont été diffusées par les chaînes publiques.
Selon les autorités, plusieurs médecins cubains travaillant dans des quartiers pauvres, dans le cadre de la coopération avec le Venezuela, ont aussi été agressés.
La chaîne de télévision publique VTV, qui diffuse quasi-exclusivement les images officielles, et la chaîne internationale Telesur, financée par le Venezuela, ont affirmé que des groupes d'opposants moto s'en étaient pris leurs sièges Caracas.
Des membres du gouvernement ont accusé d'autres manifestants d'avoir attaqué le domicile de la présidente du CNE, Tibisay Lucena, ainsi que plusieurs bureaux du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), dont l'un a été incendié.
Cible de la colère de l'opposition, Mme Lucena a assuré que le système de vote électronique était infaillible et a suggéré M. Capriles d'avoir recours aux "voies légales" en déposant un recours au lieu de brandir des "menaces".
"Je n'ai aucun doute sur le résultat du CNE, mais je crois qu'il est important de de rassurer les gens", qui se posent des questions, a affirmé l'AFP Vincente Diaz, l'un des membres du CNE, réputé proche de l'opposition.
"Il va y avoir des manifestations, qui vont devoir cesser un moment. Les gens vont accepter que le président est Maduro, qu'il a une base légitime, mais affaiblie. Mais Maduro doit aussi commencer gouverner et faire des gestes", a estimé le politologue Inacio Avalos, interrogé par l'AFP.
Les rues de Caracas avaient retrouvé le calme mardi matin, après les manifestations de la veille. "Fraude" ou encore "Maduro, tu m'as volé mon vote" pouvait-on lire sur les murs. Des abribus ont également été détruits lors d'incidents avec la police qui a fait usage de gaz lacrymogène.
"Nous avons le droit de demander un nouveau comptage des votes pour connaître la vérité", a déclaré mardi l'AFP Yoni Pares, une étudiante de 24 ans, rencontrée sur la place Altamira, dans le quartier d'affaires de Chacao, principal théâtre des manifestations.
"Je suis sûre qu'il y a eu des fraudes, mais il faut que nos manifestations restent pacifiques", a-t-elle ajouté, accusant des "bandes chavistes moto" de chercher "générer la violence" au cours des manifestations de l'opposition.
Mais les sympathisants de M. Maduro font porter la responsabilité des incidents sur l'opposition, dans un pays toujours marqué par le spectre de la violence avec une insécurité record (16.000 homicides en 2012),
"Cela a été un peu irresponsable d'appeler sortir manifester en disant qu'il y a eu fraude. Si tout le monde descend dans la rue, cela peut déboucher sur le chaos", a affirmé l'AFP Luis Alvarez, un cuisinier de 26 ans.